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Doc - Le spectacle et le vivant - 20 propositions pour contribuer à la transition écologique et sociale

Article ID.CiTé du 18/05/2021



Doc - Le spectacle et le vivant - 20 propositions pour contribuer à la transition écologique et sociale
La crise Covid a aiguisé des préoccupations déjà perceptibles dans le secteur du spectacle vivant subventionné, et appelle chacun.e à se situer dans la transition sociale et écologique qui s’impose.

Où en étaient les professionnel.le.s avant la crise? Où en sont-ils.elles à présent?
Les acteurs et actrices du spectacle vivant, à la fois exposés et attendus, partagent les mêmes inquiétudes que les Français. Les jeunes générations notamment, demandeuses de nouvelles formes de mobilisation citoyenne, sont en attente d’engagements forts à cet égard, a fortiori de la part d’acteurs œuvrant pour l’intérêt général. De l’avis des experts comme des observateurs, un point de bascule est atteint en 2019, qui rend les inégalités (de genre mais aussi les risques psycho-sociaux, les pollutions diverses, la dégradation générale de la biodiversité...) plus saillantes, les engagements écologiques plus nombreux et opère un changement d’échelle, de l’individuel au collectif.

Les acteurs du spectacle vivant n’ont pas attendu la crise pour s’engager dans le domaine social et s’y constituer une forte expertise, en partie grâce aux actions de médiation déployées depuis plusieurs décennies. Encore récente, la question écologique fait quant à elle l’objet d’un traitement à part et ne bénéficie pas d’un cadre partagé par l’ensemble des acteurs, ni d’une articulation avec l’engagement social. Ce cloisonnement, constaté entre les métiers, entre les acteurs, entre les lieux de culture et le monde, expose à un risque de perte de sens et de rupture entre le spectacle et le vivant. Pourtant, social et écologique s’inscrivent dans un continuum en ce qu’ils représentent le vivant du spectacle, comme ressource première.

Les acteurs du spectacle vivant se trouvent en situation de devoir faire face simultanément à un péril de court terme et à l’urgence climatique qui sollicite leur sens des responsabilités à moyen et long terme. Pour prendre la mesure de leur valeur comme de leur vulnérabilité, un inventaire des ressources artistiques, sensibles et organiques est de mise. À elles toutes, ces richesses constituent un territoire fragile dans lequel s’ancre le spectacle vivant. Il existe une continuité entre les enjeux, qui s’inscrivent tous dans la réalité complexe du vivant

Une fois la position établie, comment frayer son chemin dans la transition et se projeter malgré l’incertitude?
De nouveaux usages et modes de fonctionnement ne peuvent advenir sans un changement de regard. La considération du vivant interroge en profondeur le système de valeurs du spectacle vivant, les politiques publiques de la culture étant structurées par les concepts de démocratisation et d’excellence culturelle. Loin de contredire les valeurs d’excellence, d’accessibilité et de transmission, il s’agit d’en élargir la perception, en lien avec le respect des droits culturels étant entendus comme le droit de chacun, non seulement d’avoir accès au spectacle, mais aussi de prendre part à la démocratie culturelle. Dès lors, il s’agit de dépasser les dualismes observés entre responsabilité et liberté, droits culturels et excellence ou encore circuit court et rayonnement international, pour inventer des chemins de traverse qui répondent aux valeurs de sobriété, de convivialité et de solidarité, sans renier le merveilleux du spectacle.

La raison d’être du spectacle, l’exigence et la liberté de création qui lui sont consubstantielles n’ont pas ici lieu d’être remises en question.

C’est bien plutôt le «comment» qu’il convient d’interroger, c’est-à dire la façon de donner forme à la représentation, pour en prolonger le sens et la résonance avec le vivant. Dès lors, un renversement de perspective se dessine: si l’engagement social et écologique était source d’inspiration et de création?

Pour façonner les trajectoires, il n’est pas question de déterminer de nouveaux modèles mais de choisir les intentions claires qui stimulent la mise en mouvement.
Les acteurs peuvent les discerner grâce à une introspection approfondie et une méthodologie efficiente. Ces ambitions ne sont pas nouvelles et trouvent d’ores et déjà à se concrétiser, s’agissant des enjeux sociaux et sociétaux. Elles offrent toutefois une grande marge de progression générale, notamment en matière d’égalité femmeshommes, mais aussi de diversité et d’inclusion.

Les enjeux écologiques, pour leur part, sont appréhendés de façon particulièrement hétérogène par le secteur, qui peine à s’engager dans une démarche systémique.
Pour ce faire, il paraît souhaitable de trouver de nouveaux points d’équilibre économique, favorisant la soutenabilité des productions artistiques, ainsi que de reconsidérer les liens entre public et privé, notamment en mobilisant les partenaires pour optimiser l’impact des actions menées. L’Économie Sociale et Solidaire offre des exemples probants d’articulation entre viabilité économique et engagement écologique et social, témoignant de l’engagement de l’ensemble des parties prenantes qui concourent au déploiement du projet d’une organisation culturelle. Pour se mettre en chemin, les besoins exprimés, diffèrent d’une organisation à l’autre. Le premier d’entre eux consiste à forger une culture personnelle et collective. Lui répondent le dialogue avec les parties prenantes, la formation, la rédaction de chartes pour clarifier le cadre d’intervention et le renfort de compétences tierces (cabinets de conseil). L’état d’esprit revêt une importance considérable, qui permet de partager des questionnements entre acteurs, de s’ouvrir vers les savoirs d’autres secteurs pour enrichir ses connaissances et faire évoluer ses méthodes. S’inscrire dans la transition est un processus vivant, dont l’incertitude est une composante. En cela, il s’agit d’une démarche éminemment créatrice.

Le spectacle vivant doit et peut faire sa part de la transition.
Il veut en être l’acteur. Mettre en œuvre les plans d’actions nécessite d’insuffler et animer les dynamiques à l’œuvre dans les équipes, la puissance publique et les directions. Elles permettent aux propositions de circuler et de prendre corps. Le décloisonnement doit aussi être tangible entre l’organisation et son territoire, via la composition des équipes comme de la gouvernance. Il favorise ainsi l’ancrage des acteurs et leur capacité à représenter les populations en présence. Parce qu’ils sont les premiers habitants mobilisés par le projet artistique et culturel, les femmes et les hommes qui travaillent pour l’organisation doivent faire l’objet d’une attention particulière. Agir dans le sens d’une égale dignité des êtres humains au sein de son organisation, c’est créer un cadre qui rend le dialogue possible et qui permet de partager le sens de la participation de chacun au projet artistique.

À plus grande échelle, aux fins d’une approche systémique, la coopération s’avère déterminante.
Collectifs, associations et mouvements voient le jour et s’engagent en faveur de l’éco-responsabilité et de l’éco-solidarité comme autant de nouvelles formes de l’intérêt général. Cela crée autant d’espaces de résonance, qui réaffirment la dimension à la fois essentielle et insaisissable du geste artistique. Dans une perspective de transition, les organisations se font les lieux du commun. Elles sortent ainsi du régime de l’exception pour tendre vers une relation plus généreuse et contribuent, par la proposition de nouveaux récits, à rendre le monde plus habitable.
Comment rendre compte de ces trajectoires? La nécessité de mesurer fait consensus, ses modalités n’en sont pas moins complexes.
La juste place de l’évaluation mérite d’être interrogée entre acteurs du spectacle vivant et puissance publique, en vue d’une entente sur le sens des critères et leur finalité. Il est primordial de communiquer auprès des populations qui, préoccupées par ces sujets, appellent des preuves tangibles plus que des déclarations d’intention. Auprès des pair.e.s, également, pour jouer un rôle de pollinisation et influer sur les pratiques. Cela ne peut se faire sans passer un nouveau contrat entre acteurs du spectacle vivant et acteurs publics : au-delà de la question financière, ils doivent opter pour une démarche de coopération féconde, condition sine qua non de la co-construction de communs, au rang desquels figure le spectacle vivant.

Sophie Lanoote (Galatea Conseil) / Nathalie Moine (Florès) >> Etude complète
 




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