La hauteur n’a pas changé, mais la taille des interstices, si ! La nouvelle version de la norme NF P01-012 sur les garde-corps, véritable livre de chevet du BTP, s’appuie pour la première fois sur des tests réalisés auprès d’enfants âgés de 3 à 11 ans.
200 enfants mobilisés pour des tests grandeur nature
Quand il propose à AFNOR de lancer la révision, Pierre Martin sait que de nombreuses tentatives ont déjà échoué depuis 1988, date de la dernière version, car en matière de sécurité il est extrêmement difficile de placer le curseur. Le risque zéro n’existe pas : on peut estimer qu’on en fait trop ou pas assez. Il décide alors d’une expérimentation qui n’a jamais été menée : observer les comportements des enfants. « Il m’a semblé évident qu’il fallait que tous les professionnels impliqués voient ce que de jeunes enfants faisaient de leurs équipements Nous avons donc convié 200 enfants, sous une forme ludique, à escalader le plus vite possible de nombreux modèles de garde-corps, puis à se faufiler à travers, action qu’on appelle dans le jargon un franchissement traversier », raconte-t-il.
Trois sessions d’exercice sont organisées, réunissant de jeunes enfants de la maternelle à la primaire, chronomètre en main. Les résultats sont sans appel. « En moins de cinq secondes, la totalité des enfants - y compris ceux de petite section de maternelle - passaient par-dessus les garde-corps conformes à la norme de 1988 », annonce Pierre Martin. Un grand moment de vérité. Plus besoin de convaincre qui que ce soit !
Cette expérience conduit à deux conclusions : d’abord, il est inutile de remonter la hauteur actuelle, fixée à un mètre, à 1,10 m ou même à 1,20 m car les enfants passent par-dessus aussi vite. Même à 1,50 m avec un panneau lisse, les enfants les plus décidés réussissent l’escalade. En revanche, il est très utile de réduire à 11 cm maximum le diamètre des ouvertures dans le panneau. « Le garde-corps ne peut pas tout faire, rappelle Pierre Martin. Notre travail n’est pas de transformer la maison en bunker, mais de gagner du temps, de faire en sorte qu’un enfant qui échappe à la vigilance de ses parents soit ralenti. Et il est apparu qu’une ouverture de 11 cm ne permet pas à une tête d’enfant de passer. »
Pour le reste, l’équipe de normalisateurs en appelle aux pouvoirs publics, afin qu’ils lancent une campagne de prévention et d’information aux usagers quant au comportement à adopter vis-à-vis du risque du chute dans le vide dans les bâtiments. « Les statistiques montrent clairement que les enfants défenestrés sont plus nombreux lorsque le parent est seul, ou encore chez les réfugiés qui viennent d’accéder à un logement et ne sont pas focalisés sur les risques domestiques, venant de pays où le risque prend d’autres formes : guerre, pauvreté, etc. », conclut Pierre Martin.
La norme NF P01-012 révisée a fait son entrée dans la collection AFNOR le 22 novembre 2024. Elle s’applique à la construction neuve et non à l’existant, et elle prévoit un délai de six mois avant de devenir applicable (juin 2025), le temps de se former.
AFNOR - Note complète
200 enfants mobilisés pour des tests grandeur nature
Quand il propose à AFNOR de lancer la révision, Pierre Martin sait que de nombreuses tentatives ont déjà échoué depuis 1988, date de la dernière version, car en matière de sécurité il est extrêmement difficile de placer le curseur. Le risque zéro n’existe pas : on peut estimer qu’on en fait trop ou pas assez. Il décide alors d’une expérimentation qui n’a jamais été menée : observer les comportements des enfants. « Il m’a semblé évident qu’il fallait que tous les professionnels impliqués voient ce que de jeunes enfants faisaient de leurs équipements Nous avons donc convié 200 enfants, sous une forme ludique, à escalader le plus vite possible de nombreux modèles de garde-corps, puis à se faufiler à travers, action qu’on appelle dans le jargon un franchissement traversier », raconte-t-il.
Trois sessions d’exercice sont organisées, réunissant de jeunes enfants de la maternelle à la primaire, chronomètre en main. Les résultats sont sans appel. « En moins de cinq secondes, la totalité des enfants - y compris ceux de petite section de maternelle - passaient par-dessus les garde-corps conformes à la norme de 1988 », annonce Pierre Martin. Un grand moment de vérité. Plus besoin de convaincre qui que ce soit !
Cette expérience conduit à deux conclusions : d’abord, il est inutile de remonter la hauteur actuelle, fixée à un mètre, à 1,10 m ou même à 1,20 m car les enfants passent par-dessus aussi vite. Même à 1,50 m avec un panneau lisse, les enfants les plus décidés réussissent l’escalade. En revanche, il est très utile de réduire à 11 cm maximum le diamètre des ouvertures dans le panneau. « Le garde-corps ne peut pas tout faire, rappelle Pierre Martin. Notre travail n’est pas de transformer la maison en bunker, mais de gagner du temps, de faire en sorte qu’un enfant qui échappe à la vigilance de ses parents soit ralenti. Et il est apparu qu’une ouverture de 11 cm ne permet pas à une tête d’enfant de passer. »
Pour le reste, l’équipe de normalisateurs en appelle aux pouvoirs publics, afin qu’ils lancent une campagne de prévention et d’information aux usagers quant au comportement à adopter vis-à-vis du risque du chute dans le vide dans les bâtiments. « Les statistiques montrent clairement que les enfants défenestrés sont plus nombreux lorsque le parent est seul, ou encore chez les réfugiés qui viennent d’accéder à un logement et ne sont pas focalisés sur les risques domestiques, venant de pays où le risque prend d’autres formes : guerre, pauvreté, etc. », conclut Pierre Martin.
La norme NF P01-012 révisée a fait son entrée dans la collection AFNOR le 22 novembre 2024. Elle s’applique à la construction neuve et non à l’existant, et elle prévoit un délai de six mois avant de devenir applicable (juin 2025), le temps de se former.
AFNOR - Note complète